Arrachée des entrailles d’une terre aux richesses exceptionnelles par les cohortes des gueules noires, la ressource en énergie a marqué les Hommes et façonné les territoires du Sud Isère depuis le XVIIIème siècle. Le XXème, à peine naissant, éclairera, lui, d’une lumière nouvelle les richesses de notre « pays » en turbinant la nouvelle et puissante Houille Blanche, jaillie quelques vallées plus loin et quelques années plus tôt, de l’esprit d’Aristide BERGES.
Véritable journal de bord des grandes étapes de la conquête de l’énergie hydraulique sur les cours d’eau qui nous sont familiers, le livre dont vous vous apprêtez à parcourir les pages, est une mine inépuisable de connaissances et d’informations. Il constitue un travail de recherche colossal mêlant documents d’archives, photographies, témoignages et mêmes graphiques techniques qui nous éclairent, au jour le jour, sur les projets, les difficultés, les avancées de ces chantiers qui ont définitivement changé le cours de notre histoire locale.
Ces lignes nous rappellent aussi que derrière les grands projets vivent et meurent les femmes et les hommes qui les portent et en assurent la réussite. J’ai été pour ma part très sensible au rappel des noms de ceux qui ont contribué à l’histoire. Leur quotidien, leurs réussites et leurs échecs ; les incidents et leurs accidents nous renvoient aux visages familiers de ceux qui sont ou pourraient être nos aïeuls. Ouvriers, ingénieurs, entrepreneurs, cet ouvrage, et c’est l’un de ses grands mérite, les arrachent des profondeurs de l’anonymat qu’imposent souvent les grandes œuvres collectives.
D’avril 1923 à 1935, on dévore avec passion ce feuilleton qui se conclue par l’édification du barrage du Sautet. Puis, jusqu’en 1945, on suit fébrilement le quotidien de chantiers pas comme les autres à une époque pas comme les autres qui mêle la guerre, ses privations, ses tensions à la difficulté de la tâche.
En attendant le tome II, je veux saluer le travail de Fabienne GILBERTAS ainsi que sa démarche de « passeur de mémoire ». Elle lie remarquablement et invariablement la petite histoire à la grande, le terre, devrais-je dire l’eau, aux femmes et aux hommes qui en vivent et la font vivre.